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J'atteste par la présente que je suis un professionnel de la santé.
Au moment même où l’épidémie des opioïdes frappe le Canada et tue des milliers de Canadiens chaque année1– alourdissant davantage le fardeau supporté par un système de santé déjà surchargé – une autre crise sanitaire connexe se répand comme une pandémie et touche des millions de Canadiens : la douleur chronique.
La douleur chronique est définie comme une douleur qui dure pendant trois mois ou plus2. Elle peut apparaître n’importe où et peut aller de légères sensations de mal ou d’inconfort à une douleur totalement débilitante. Bien qu’elle soit plus fréquente chez les adultes plus âgés, elle peut toucher tout le monde. Ses symptômes comprennent la douleur vive, les brûlures, les démangeaisons ou les sensations récurrentes d’endolorissement, de tiraillement ou de raideur. La douleur peut être difficile à diagnostiquer et tout aussi difficile à traiter.
La douleur chronique pèse lourdement sur les particuliers, les familles et le pays entier. Selon la Société canadienne de la douleur, un Canadien sur cinq compose avec une douleur chronique, et cette réalité coûte des milliards de dollars à notre système de santé et à notre système social tous les ans.3
La douleur chronique est complexe et résoudre cette crise exigera une approche coordonnée soutenue par tous les paliers de gouvernement : fédéral, provincial et municipal. La décision récente du gouvernement fédéral de créer un groupe de travail national pour trouver des moyens de mieux gérer la douleur chronique au Canada est encourageante pour toute personne ayant un rôle à jouer dans la résolution de cette crise de santé complexe. Il est également encourageant d’entendre les gouvernements provinciaux, y compris le gouvernement de l’Ontario plus récemment, qui se sont engagés à augmenter les investissements dans les services de traitement des dépendances et de la santé mentale — deux domaines en forte demande chez les Canadiens souffrant de douleurs chroniques.
Nous avons cependant besoin d’une stratégie de prise en charge de la douleur plus complète.
Ce fardeau physique permanent a un effet dévastateur sur la qualité de vie de nombreuses personnes. Dans des cas extrêmes, il peut conduire à un cercle vicieux, qui commence par une incapacité à travailler ou à être productif et une détérioration des relations avec nos êtres chers, ce qui peut alors entraîner des épisodes dépressifs, exacerbés par un manque de traitement, et aboutir à une toxicomanie – amplifiant la crise des opioïdes et le nombre de décès par surdose évitables – voire, au suicide.4
La dépendance aux opioïdes et leur prise abusive sont inextricablement liées à la douleur chronique. Nous devons mieux comprendre la douleur chronique pour déterminer comment aider les Canadiens à la traiter de façon plus saine et plus efficace.
Une démarche multidisciplinaire suppose le soutien professionnel adéquat et le bon traitement au bon moment pour le bon patient, notamment le recours, le cas échéant, à des physiothérapeutes, à des physiatres et à d’autres spécialistes de la médecine physique, à des chirurgiens capables de traiter la cause sous-jacente de la douleur et à des anesthésistes, et enfin, à des psychologues et psychiatres qui interviendraient une fois que la douleur est enregistrée par le système nerveux central.
Les personnes souffrant de douleur chronique qui n’obtiennent pas de soulagement au moyen d’opioïdes ou d’une opération chirurgicale s’entendent parfois dire que la douleur est dans leur tête. Sous-entendant que la souffrance de ces patients est imaginaire, cette attitude démontre un manque total de compassion et de compréhension de la complexité de la douleur. En 2013, Uta Sboto-Frankenstein et ses collègues à Winnipeg ont démontré qu’il était possible de visionner les signaux de douleur dans le cerveau au moyen d’une IRM,5 prouvant que la douleur était à la fois réelle et, littéralement, dans la tête.
Dans les années 1960, les Canadiens Ronald Melzak et Patrick Wall de l’Université McGill ont formulé la théorie du passage contrôlé de la douleur, qui explique la physiologie de la douleur, précédemment associée à la psychologie. Melzak a ensuite émis l’hypothèse qu’en empêchant le signal de douleur d’atteindre le système nerveux central, on peut atténuer la sensation de douleur.
Cette théorie a été mise en pratique par le développement de divers dispositifs de stimulation électrique, notamment l’électrostimulation des cordons postérieurs médullaires, utilisée pour la première fois en 1967,6 et les dispositifs NSTC (neurostimulation transcutanée), lancés en 1974.7
Voici l’expérience d’une patiente : Sarah Graff de Brantford, en Ontario,8 est une ancienne patineuse qui a vécu avec une douleur invalidante au dos et aux jambes pendant plus de 10 ans. Cette mère de deux jeunes enfants a eu recours à des analgésiques et à des rachianesthésies, mais la douleur était toujours si intense qu’il lui était difficile de mener une vie normale.
Sarah a été orientée en fin de compte vers le programme de neuromodulation à l’hôpital Hamilton Health Sciences, où on lui a implanté un neurostimulateur qui émet de légères impulsions électriques qui interrompent les signaux de douleur avant qu’ils n’atteignent le cerveau. Les résultats furent immédiats. La douleur qui dominait son monde depuis plus d’une décennie avait soudainement disparu. Elle reconnaît aujourd’hui que cette option antidouleur lui a permis de retrouver sa vie et son bonheur.
Sarah a eu de la chance. Au Canada, elle fait partie des quelque 4 % des candidats admissibles à un neurostimulateur, malgré les nombreuses preuves dont on dispose et la disponibilité de cet appareil depuis des décennies. À titre de comparaison, l’accès à un neurostimulateur en Europe occidentale et aux États-Unis est estimé à 21 %.8
Ce sont les nombreux témoignages, comme celui de Sarah, et les preuves cliniques démontrant l’efficacité des neurostimulateurs8 qui montrent qu’une démarche multidisciplinaire, notamment l’accès à des technologies éprouvées, peut résoudre le problème de la douleur chronique au Canada et atténuer les effets mortels de la surconsommation d’opioïdes. En combinaison avec d’autres mesures, comme la dissémination d’informations sur la douleur dans le milieu médical et l’intervention précoce, nous pouvons briser le cycle invalidant de la douleur chronique.
La bonne nouvelle est qu’il existe déjà des pratiques optimales qui peuvent être adoptées partout au pays. Bien qu’elles soient propres aux maux de dos, des cliniques interprofessionnelles d’évaluation et d’éducation sur la colonne vertébrale ont été mises sur pied dans plusieurs provinces, dont la première a été lancée par le Dr Raja Rampersaud au Toronto Western Hospital en 2012. Pain BC9 est un portail en ligne qui offre un soutien et un accès à des ressources aux personnes souffrant de douleur chronique dans la province. Par ailleurs, l’hôpital Saint-Paul de Vancouver a l’une des équipes multidisciplinaires les plus complètes, qui étudie la douleur complexe, à l’instar de la célèbre clinique Mayo.
Aucune entité ne peut, à elle seule, résoudre les crises d’opioïdes et de douleur. Nous devons passer au crible toutes les options et faire preuve de compassion pour les patients souffrant de douleur chronique – ensemble.
[1] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4450869/
[1] https://c.ymcdn.com/sites/www.canadianpainsociety.ca/resource/resmgr/Docs/pain_fact_sheet_en.pdf
https://www.spine-health.com/treatment/pain-management/spinal-cord-stimulation-chronic-back-and-neck-pain
http://www.tens.net/a-concise-history-of-the-tens-unit/
Data on file
Painbc.ca