LA CAPNOGRAPHIE, AU-DELÀ DE LA SALLE D'OPÉRATION

La capnographie devient de plus en plus reconnu pour sa valeur en monitorage des patients en milieu ambulatoire.

capnography

La capnographie, qui mesure le dioxyde de carbone (CO2) dans les gaz respiratoires, est depuis longtemps utilisée pour le monitorage de la respiration des patients sous anesthésie en salle d’opération. À l’heure actuelle, on constate une reconnaissance croissante de sa valeur comme outil fiable pour le monitorage des patients en milieu ambulatoire à l’extérieur de la salle d’opération.

Les interventions minimalement invasives sont de plus en plus courantes dans les milieux comme les cliniques d’endoscopie, les salles de cathétérisme cardiaque et les salles de radiologie d’intervention, où la responsabilité de la sédation relève du personnel infirmier plutôt que des anesthésistes. Ces professionnels ont besoin des bons outils pour assurer que les patients respirent sans difficulté.

Nous savons que la sédation est un continuum et que les patients peuvent passer d’un niveau modéré à un niveau profond très rapidement.

Barbara McArthur, an advanced practice nurse at Sunnybrook Health Sciences Centre in Toronto

Dans le cadre d’un récent balado sur la santé et la sécurité mettant l’accent sur l’utilisation de la capnographie à l’extérieur de la salle d’opération, Michael Wong de la Physician-Patient Alliance for Health and Safety a interviewé Barbara McArthur, infirmière en pratique avancée à l’hôpital Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto qui possède une vaste expérience en salle d’opération et en milieu ambulatoire, ainsi qu’en imagerie médicale, son domaine de pratique actuel.

« Dans mon domaine, ce ne sont pas des anesthésistes qui administrent la sédation, affirme Barbara McArthur, c’est plutôt le personnel infirmier qui en est responsable. Nous devons ainsi faire preuve d’une diligence accrue. Nous savons que la sédation est un continuum et que les patients peuvent passer d’un niveau modéré à un niveau profond très rapidement. »

Traditionnellement, le personnel infirmier en milieu ambulatoire se fie à une évaluation visuelle du rythme respiratoire, laquelle peut être difficile si le patient est en position ventrale durant l’intervention ou s’il existe des comorbidités comme la BPCO ou l’apnée.

On peut également avoir recours à l’oxymétrie de pouls pour assurer le monitorage des taux d’oxygénation (O2) des patients. Cependant, les patients sous sédation reçoivent souvent de l’oxygène durant une intervention; alors, s’ils commencent à éprouver de la difficulté à respirer, il peut y avoir un délai d’une minute ou plus avant que leurs taux d’O2 chutent et que l’oxymètre en alerte le personnel infirmier.

 

 

capnographie enfant

Puisqu’un moniteur de capnographie mesure la ventilation plutôt que l’oxygénation, il fournit un avertissement immédiat en cas de chute du taux de CO2 expiré, procurant une indication plus rapide de la détérioration de l’état du patient.

« Grâce au moniteur, vous êtes avisé de l’état du patient de façon plus précoce, ajoute Mme McArthur. Si le patient éprouve des problèmes respiratoires, le personnel infirmier peut réagir beaucoup plus rapidement. »

Les lectures de capnographie consistent en une représentation graphique des taux de CO2  expiré tracés en fonction du temps et un chiffre représentant la pression partielle du CO2 (PCO2) de fin d’expiration.

Lors d’un récent examen des politiques de l’hôpital Sunnybrook, l’équipe de Mme McArthur a parcouru la documentation actuelle sur la sédation procédurale et a trouvé des énoncés de position ou des directives de pratique en faveur du monitorage de la PCO2 de fin d’expiration provenant d’organismes cliniques, tels que l’Association for Radiologic and Imaging Nursing, l’American Anesthesiology Society et l’Association of periOperative Registered Nurses.

Par conséquent, l’utilisation du monitorage par capnographie est maintenant recommandée dans toutes les unités de l’hôpital Sunnybrook munies de l’équipement nécessaire. Les unités non équipées se procureront des moniteurs à la prochaine occasion et les intégreront à leur pratique.

« Il est possible que certains hôpitaux estiment que l’absence d’un port de capnographie sur leurs moniteurs existants pourrait nuire à leur capacité d’adopter la capnographie en milieu ambulatoire aussi rapidement qu’ils le souhaiteraient, mentionne Cheryl Ha, directrice principale du marketing, Solutions respiratoires et de monitorage chez Medtronic Canada, un fournisseur d’équipement de capnographie et d’oxymétrie de pouls. Cependant, la disponibilité de modules de capnographie pouvant être ajoutés à bon nombre de plateformes multiparamétriques a augmenté considérablement, permettant ainsi à la plupart des hôpitaux d’ajouter la fonction sans devoir remplacer leurs moniteurs existants. »

« Un autre obstacle possible à l’adoption est la courbe d’apprentissage associée à la lecture et à l’interprétation des formes d’ondes de capnographie et, ensuite, au fait de déterminer la façon appropriée d’intervenir et le bon moment. »

Mme Ha ajoute : « Grâce aux solides recommandations formulées par des organismes comme  la Société canadienne des anesthésiologistes et le Collège des médecins du Québec, les bienfaits d’inclure le monitorage de la PCO2 de fin d’expiration aux milieux ambulatoires sont de plus en plus reconnus au sein de la communauté clinique, à un point tel que nous constatons un intérêt grandissant pour de la formation et du soutien entre pairs pour faciliter la levée de certains obstacles. »

« Nous croyons sincèrement qu’un jour, la capnographie sera adoptée comme une norme de soins pour les interventions nécessitant une sédation modérée à profonde en milieu ambulatoire et une mesure clé pour promouvoir la sécurité accrue des patients et une meilleure vigilance. »